Allocution prononcée par le Groupe Alternative Clamartienne à l’occasion du Conseil Municipal du 28 janvier sur le vote du budget 2004.

Chers collègues,

Nous discutons ce soir du budget primitif 2004 dans un contexte social et économique particulièrement difficile. Nous subissons depuis bientôt 2 ans les mesures du gouvernement le plus ultra-libéral que nous ayons connu. Les conséquences, vous les connaissez: montée du chômage, montée de la précarisation avec perte pour des milliers de personnes de la couverture médicale universelle, diminution de l’indemnisation des chômeurs de longue durée, allongement de la durée du travail même pour ceux qui ont 40 ans de cotisation (contrairement à ce qu’on nous avait dit !), augmentation massive du tarif des mutuelles qui ne fait que commencer, et enfin, pour faire court, remise en question récemment de la notion de CDD pour transformer chaque salarié en travailleur précaire. Toutes ces mesures s’accompagnent d’un désengagement de l’Etat qui fait reporter sur les Collectivités territoriales les devoirs élémentaires de solidarité sociale, grevant de plus en plus les possibilités d’action de celles-ci.

C’est dans ce contexte extrêmement difficile que nous sommes amenés à nous prononcer sur les choix budgétaires que vous nous proposez pour Clamart en 2004. Sur le recours à l’emprunt, nous n’avons rien à redire. C’est un moyen légitime pour financer des projets municipaux, surtout dans un contexte où les subventions vont se réduire considérablement. Ce recours à l’emprunt est d’autant plus nécessaire que la rentrée d’argent via la taxe professionnelle rencontre des difficultés. Nous n’avons pas de leçons à vous donner là-dessus. Clamart subit de plein fouet les conséquences de la jungle ultra-libérale dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

Nous ne partageons pas, par contre, l’option qui consiste à vendre le patrimoine de la ville. C’est typiquement l’exemple de choix de gestion à très court terme que nous reprochons à la classe politique. « Je vends pour financer mes projets et après moi le déluge ! ». Le débat autour d’une vision globale du patrimoine de Clamart et de ce qui pourrait en être fait sur le long terme n’a toujours pas eu lieu et nous le regrettons.

Enfin, nous contestons absolument les orientations politiques que vous avez choisies depuis quelques temps et qui transparaissent maintenant plus clairement dans ce budget primitif 2004. Tout d’abord, nous avons constaté avec consternation que la reconstruction de l’école élémentaire de la Plaine, qui était pour nous une priorité sociale et un symbole fort, se retrouve propulsée en toute fin de mandature, et encore, si tout se passe comme prévu. Cela tient au fait que vous vous êtes entêté depuis votre élection à lier ce projet à celui de la reconstruction du centre commercial dans l’idée que ce projet pourrait être pris en charge par un investisseur. Nous vous avons dit depuis le départ que c’était une erreur politique et que cette école devait être reconstruite vite, avec de l’argent municipal. Le retard pris dans ce projet fait qu’il est du même coup géré dans la précipitation: l’équipe enseignante a  rencontré le programmiste une seule fois, les parents d’élèves, jamais.

Vous savez aussi notre attachement à la question de la cantine scolaire. Vous avez débuté la sous-traitance dans la plupart des écoles et comptez en faire bientôt le bilan. Vous savez pourtant comme nous tous que dans l’attente de ce marché, la société ne va pas commettre l’erreur de servir de la piètre qualité. Ce bilan n’aura donc aucun sens. Mais il vous servira à justifier le passage total en sous-traitance. Nous nous opposons totalement à ce choix. Tous ceux qui, ici, subissent ce style de restauration sur leur lieu de travail comprennent ce que nous voulons dire. Imposer cette alimentation pendant toute l’enfance nous paraît une aberration. Or dans votre projet de budget ne figure pas les travaux nécessaires pour repasser en liaison chaude en cantine municipale.

Nous voudrions aborder aussi ce soir la question de la jeunesse. Nous sommes extrêmement inquiets. Nous ne remettons pas en question la compétence et le dévouement des élus et des personnes en charge de ce secteur. Mais le fait que nous n’ayons vu passer en Conseil Municipal aucun projet global d'envergure pour la jeunesse nous laisse clairement entrevoir  le manque criant de moyens mis dans ce secteur. A ce propos nous récusons absolument l’alibi qui consiste à accoler « maison de jeunes » à « maison de quartier ». Les jeunes sont quasiment absents des conseils de quartier et des comités de pilotage et on ne peut pas prétendre qu’ils aient largement contribué à l’élaboration de ces projets de construction. Quand aux projets d’animation de ces maisons, ils nécessiteraient moyens et encadrement dont nous n’entendons jamais parler.

A propos de la jeunesse nous en profitons pour vous dire ce soir, car nous n’avons pas eu l’occasion de le faire, notre consternation devant la manœuvre politique qui a consisté à faire venir à Clamart, une des villes « les plus sûres du département », le ministre de l’Intérieur, ce qui a permis une fois encore de stigmatiser, et j’utiliserai même le terme plus fort de calomnier la jeunesse en général.

A propos de la jeunesse, j’aimerais parler maintenant de la politique menée à l’égard du CSMC (centre sportif municipal de Clamart) qui joue un rôle social important dans ce domaine, les élus de la jeunesse et de la prévention en conviendront. On se réjouit de l’équilibre des comptes obtenus par cette association. Mais on n’oublie probablement un peu vite que celui-ci a été obtenu entre autre avec un blocage des salaires de ses animateurs depuis 2 ans et une augmentation substantielle des tarifs aux non-Clamartois mais aussi aux Clamartois  sans tenir compte dans ce domaine du quotient familial. Ceci a contribué à une baisse de fréquentation des familles en difficulté. Les responsables bénévoles du CSMC en sont conscients et soucieux, de même qu’ils sont conscients aussi du rôle social important qu’ils jouent sur notre commune. Nous souhaiterions que leur demande de soutien pour leurs projets soient pris en considération et qu’on cesse l’orientation contestable vers le « tout culturel ». Par ailleurs, si nous partageons votre option de développement du logement social et de la mixité sociale, nous désapprouvons comme vous le savez les pouvoirs époustouflants que s’est attribué le bureau de l’OPAC et l’augmentation de 2% des loyers qui a été votée, ce qui, dans le contexte social dont j’ai parlé au début, nous parait une mesure complètement inadaptée de la part d’une équipe municipale de gauche.

Je finirai enfin sur la question du personnel communal. Contrairement à la Droite, et nous l’avons déjà dit, l’augmentation des frais de personnel n’est pas vécu par nous comme une catastrophe mais comme le reflet de l’emploi et de la qualité des revenus d’un certain nombre de salariés, ce qui ne peut que nous convenir dans cet environnement économique difficile. C’est pourquoi nous regrettons pour la même raison l’absence de titularisation des emploi-jeunes et nous sommes totalement solidaires de leur démarche actuelle. Nous nous étonnons aussi de la manière dont est géré ici le dialogue social, méthode qui a conduit à deux mouvements de grève depuis le début de cette mandature.

Pour conclure, vous aurez compris que toutes ces raisons nous amènent à voter contre ce budget primitif 2004.