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Clamart, le 18 juin 2003

OBSERVATIONS CONTRE LE PROJET DE MODIFICATION

DU POS DE CLAMART CONCERNANT LA CITE DE LA PLAINE (EXTRAITS)

Introduction

La Cité de la Plaine est un quartier moderne. Sa qualité urbanistique et architecturale en fait un lieu de qualité largement connu dans le monde et une référence dans de nombreuses écoles d'architecture. Il s'agit d'une des rares cités réalisées après la guerre dont la qualité de conception en fait encore aujourd'hui un modèle en matière de qualité de vie et de sécurité.

Depuis trop longtemps, ce quartier a été oublié, précisément parce qu'il ne posait pas de problèmes urbains ! Néanmoins, cette politique d'abandon a conduit à la détérioration des espaces extérieurs et du centre commercial (ce dernier n’étant plus conforme aux normes de sécurité).

La municipalité, élue en 2001, a décidé d'inscrire la Cité de la Plaine dans ses priorités. Elle a modifié le programme en cours de la ZAC Bourgogne en rééquilibrant la programmation des logements et s'est engagée dans la reprise du centre commercial.

Le Collectif est intervenu auprès de la municipalité à de nombreuses reprises pour rappeler :

·         l'importance de cette Cité pour notre commune et la nécessité de prendre en compte l’ensemble des quartiers du haut de Clamart dans leur globalité et leur cohérence urbaine avant d’entreprendre la réalisation de travaux compartimentés,

·        que ce centre était un élément constitutif de l'organisation de la Cité et qu'il ne fallait pas le traiter sur la base du seul critère commercial.

1. Le procédé de modification du POS

Le procédé retenu consistant à modifier le POS (autoriser la construction de bâtiments à usage de commerces, d’activités dans le quartier La Plaine) va permettre d'éviter de soumettre à l'enquête publique le projet de ZAC (sur terrains du LP Albert Camus + du stade + du centre commercial actuel) envisagé par la municipalité. Cela permet :

·        de rester dans le flou qui caractérise le programme de cette opération,

·        d'éviter de dévoiler publiquement ce programme et le bilan financier prévisionnel qui pourra ainsi être établi en accord avec les investisseurs publics et privés sans que les clamartois puissent en avoir connaissance comme ils l'auraient pu si la ZAC avait été conçue en dérogation du POS.

C'est là une des raisons majeures de notre opposition à la modification du POS telle qu'elle a été décidée.

2. Concertation

La municipalité a annoncé une grande concertation sur les options de réaménagement possibles. Mais dès la première réunion publique d'information, il fut précisé que trois options avaient été définies. Ces trois options consistaient en une bonne solution trop chère, une mauvaise absurde et la solution moyenne à retenir. Cette dernière consiste à déplacer le centre commercial en bordure de la route départementale 906.

La municipalité précise dans le dossier de consultation pour l'enquête publique que 150 personnes ont participé aux différentes réunions qu'elle a organisées. Ce chiffre, puisqu'il est indiqué, est à comparer aux 556 signatures de la pétition (novembre et décembre 2001), demandant « une véritable réhabilitation du Centre commercial de La Plaine, à sa place actuelle, comme centre de quartier vivant […] et à pouvoir donner son avis sur les projets ».

Aucune réponse de la municipalité à cette pétition transmise par le Collectif le 26 janvier 2002 avec une synthèse de sept pages des attentes et des besoins exprimés par les habitants à l'occasion de la signature de cette pétition.

Aucune réponse à un document portant "propositions et réflexions sur le centre commercial" transmis à la municipalité par le conseil de quartier de la Cité de la Plaine le 22 avril 2002.

A noter que les conseils de quartier ne sont pas cités dans la "concertation" mentionnée dans le dossier soumis à consultation où l'on ne cite que le groupe de travail et les réunions d'information !

En conséquence, nous considérons qu'il n'y a pas eu de concertation réelle. La municipalité s'est bornée à donner une information orientée en fonction du choix qu'elle a fait : déplacer le centre commercial. Nous estimons que l'absence de concertation est préjudiciable car tous les aspects du projet n'ont pas fait l'objet d'une réflexion suffisante.

3. L'urbanisme

Les trois critères essentiels avancés pour la conception du projet soumis à enquête sont :

·        pour la commune : un coût financier nul,

·        pour Clamart Habitat (office municipal HLM) : le désengagement de la propriété de locaux commerciaux (une partie des boutiques du centre commercial actuel appartiennent à l’office HLM),

·        pour les commerçants : la capacité de chalandise du lieu d'implantation.

Le critère urbanistique n'a jamais été réellement pris en compte à son niveau d'importance, compte tenu de la particularité de la Cité de la Plaine. Cela est d'autant plus net à l'examen du schéma joint au dossier de l’enquête publique : on note une « supérette » au lieu choisi pour déplacer le centre commercial et à son emplacement actuel on note : « école et équipement public de proximité ». Or la « supérette » devrait dépasser la taille de l'actuel centre commercial et probablement avoisiner les 3.000m² de surface ; les équipements de proximité ne sont ni définis, ni décrits !

Une étude urbanistique et paysagère reste à faire avant de perturber un ordre urbain qui a montré sa valeur et sa permanence dans le temps. Cette étude devrait faire l'objet d'un concours et ne pas être confiée à l’organisme même qui étudie le programme des commerces et des activités de diverses natures.

A noter aussi que ce projet de modification du POS tord le cou à la règle des 30% de terre végétale qui avait été imposé dans le POS actuel. Ainsi, on aura un centre commercial bien classique avec du béton et par-dessus une couche de terre avec quelques arbres maigrelets ! "40% des espaces non construits" (probablement du béton ou du macadam pour les parkings) et "80% de la toiture traitée en espaces verts" sic !

Ainsi, en l'absence d'une étude prévoyant correctement les conséquences des divers projets sur l'organisation urbaine de la cité et les conséquences d’ordre géologique et hydrologiques à l’échelle régionale, nous nous opposons à la modification du POS.

4. La circulation et le stationnement

La circulation et le stationnement internes à la cité devraient aussi faire l'objet d'une étude exhaustive tenant compte du réaménagement projeté du centre commercial, des nouveaux équipements envisagés, de la ZAC Bourgogne en cours de réalisation et des projets d'équipements scolaires et de médiathèque. Jusqu’à présent, les projets ont été menés sans aucune réflexion d'ensemble alors qu’ils sont émetteurs et récepteurs de circulation et nécessitent un stationnement relativement important.

Malgré les demandes du Collectif ou du conseil de quartier Plaine, aucune étude n’a été transmise à ce sujet. Procéder au cas par cas, sans vision d’ensemble, génère des risques :

·        de désorganisation de l’ensemble urbain,

·        de capharnaüm de la circulation et du stationnement.

Pour illustrer l'approximation des études et prévisions, nous rappellerons simplement qu'au début du projet la municipalité s'était engagée, oralement, à ce qu'il n'y ait pas d'accès direct à la 906, puis ensuite qu'il n'y aurait pas de station service.

Or, il y aura "naturellement" un accès sur la 906 et on évoque dans le dossier la possibilité de services d'entretien de voiture. Donc il s'agira bien d'un centre axé sur l'automobile, d'autant plus qu'il n'est pas prévu d'arrêt du futur tramway à hauteur du centre commercial sur la départementale !

Comment se fera la circulation extérieure de transit ou d'accès au centre commercial que la municipalité prévoit de déplacer au voisinage de la RD 906 et qui conduit à modifier le POS ?

Déplacer le centre commercial au voisinage de la 906 change sa vocation :

·        le centre de voisinage destiné pour l'essentiel à la desserte de la cité et des quartiers proches se tournera vers une clientèle de transit

·        les futurs commerçants se soucieront moins de répondre aux habitudes d'achat des résidents.

Que se passera-t-il pour les clients qui chercheront une place gratuite dans la cité à proximité du centre ? A-t-on prévu l'importance de cette circulation ? Comment l'orienter pour éviter l'insécurité au voisinage du centre à l'intérieur de la cité (parkings déserts la nuit) ?

En l'absence de prévisions sérieusement établies pour la circulation et le stationnement nous ne pouvons que nous opposer à la modification du POS.

5. Le commerce

En tout état de cause, comme nous l'avons évoqué au paragraphe précédent, la nature des prestations commerciales va inévitablement changer, passant d'un centre de quartier à un centre commercial axé principalement sur le passage et l'automobile.

La juxtaposition d'un tel équipement commercial ne pourra qu'être, dans les conditions actuelles de la société, une source d'insécurité. Sans vouloir prévoir le pire, il est évident qu'un tel centre de commerce s'avérera incompatible avec ce qui a fait jusqu'à présent la qualité de la cité de la Plaine.

Aucune étude quantifiée ne semble avoir été faite sur la zone de chalandise prévue, sur le marché potentiel et sur les conditions de relogement qui seront proposées aux commerçants de l'actuel centre commercial. Or, au voisinage de l'espace prévu en bordure de la RD 906, il existe plusieurs centres commerciaux, des petits commerces et une zone d’activités de services et bureaux (ZIPEC). Les données communiquées sont insuffisantes pour comprendre la logique municipale.

Ajoutons pour terminer ce chapitre que nous n'avons pas eu connaissance d'étude ayant permis de diagnostiquer les raisons de l'échec du centre actuel indépendamment de l'absence d'entretien.

Pour l'ensemble de ces raisons qui conduiront inévitablement au changement radical de nature des services commerciaux avec tous les risques non évalués que cela comporte, nous ne pouvons que nous opposer à la modification du POS .

6. Diverses observations complémentaires

a). Une option d'urbanisme fondamentale devrait faire l'objet de la réflexion centrale sur le devenir du haut de Clamart prenant en compte l’articulation à développer entre les quartiers du Jardin Parisien, la Cité de la Plaine et l'ensemble Trivaux-La Garenne, IFF (ex-FFF), pour conserver ce qui en fait leur structure et leur personnalité, et pour favoriser les échanges sur le plan social et culturel.

Au lieu de cette priorité on nous parle de "...la possibilité de retravailler la "couture" entre la cité de la Plaine et la RD 906". C'est une remise en cause totale du parti d'urbanisme de la Cité de la Plaine. Conçue actuellement, cette "couture" décentrera la cité et à terme la positionnera beaucoup plus dans une relation avec Le Plessis Robinson avant de lui avoir donné les moyens de se renforcer sur Clamart dans une relation avec les deux autres quartiers du plateau. C'est évidemment un choix politique municipal, mais est-il réaliste et est-ce le bon pour les clamartois ? Pour la ville de Clamart ? Nous ne le pensons pas. En tout état de cause, il n'a jamais fait l'objet même d'une simple information aux clamartois.

b)  De nouveaux équipements sont programmés. 

Elles devraient faire l'objet d'une étude d'ensemble tenant compte des besoins des habitants à moyen et long terme, en concertation avec les différentes associations concernées et avec les conseils de quartier. Rien n'est dit dans le dossier soumis à l'enquête sur la compensation prévue pour les terrains pris sur le stade alors qu'il est dit que "L'opération d'aménagement d'ensemble (le long de la RD 906) pourrait également s'étendre sur une partie du stade voisin."

La circulation et le stationnement devraient être sécurisés aux abords de ces équipements. En outre, il paraît évident qu'il faudrait renforcer la complémentarité des services et équipements publics et privés à l'emplacement du centre commercial actuel si l'on veut conserver à ce lieu une fonction de centre de quartier convivial au lieu de tout disperser.

c) En matière d'équipements scolaires, la programmation devrait être précisée en tenant compte des équipements complémentaires nécessaires pour les différents âges scolaires.

d) Un phasage des réalisations devrait être prévu tenant compte de l'évolution des besoins, des moyens de la commune et des financements complémentaires escomptables.   

En conclusion, nous demandons l'annulation de la décision municipale de modification du POS de Clamart permettant la délocalisation du centre commercial de la Cité de la Plaine et le réexamen sérieux du problème en concertation réelle avec les divers organismes prévus à cet effet, les associations et les personnes compétentes.