OBSERVATIONS
RELATIVES A LA REVISION D’URGENCE DU POS EN VUE DE LA RECONSTRUCTION DU CENTRE
COMMERCIAL DE LA CITE DE LA PLAINE, REMISES PAR L’ASSOCIATION
« ALTERNATIVE CLAMARTIENNE » DANS LE CADRE DE L’ENQUETE D’UTILITE
PUBLIQUE.
Notre position tient en une phrase: il s’agit d’un projet d’urbanisme à très haut risque pour l’équilibre de la cité de la Plaine, élaboré sans réelle concertation avec les habitants, c’est pourquoi nous nous opposons à cette révision.
La cité de la Plaine de Clamart est une exception. Une exception sur le plan social car elle concentre un taux très important de logements sociaux (HLM), mais a pourtant été largement préservée de la dégradation de la qualité de vie observée dans de nombreuses cités du territoire national construites à la même époque. Des populations d’âges différents (beaucoup de jeunes mais aussi beaucoup de personnes âgées n’ayant jamais souhaité quitter leur cité), d’origine culturelle et religieuse variée (issues ou non de l’immigration), cohabitent en harmonie la plupart du temps, dans cette cité, où le taux de chômage et de difficultés sociales (parent isolé, endettement, risque d’expulsion...) est pourtant plus élevéque dans le reste de la ville. Malgré une proportion de logements sociaux des plus hautes du département, Clamart reste ainsi de manière surprenante, une des villes du 92 où les problèmes liés à l’insécurité sont les plus faibles.
Comment expliquer
cette exception nationale ?
Tous les intervenants associatifs et politiques de Clamart s’accordent sur ce point : la qualité de vie dans cette cité est complètement liée à sa conception architecturale. D’autres associations en parleront mieux que nous, mais l’architecture de la cité (petits îlots d’habitations à taille humaine, mêlant immeubles sans vis à vis et pavillons, séparés par de larges espaces verts) et la conception de ses axes routiers et piétonniers, favorisent deux éléments primordiaux pour son équilibre humain, social et environnemental :
1)
l’échange entre les habitants dans un
cadre de vie harmonieux
2)
)
l’équilibre entre une ouverture sur l’extérieur (il ne s’agit pas d’une
cité-ghetto) et une fermeture relative garantissant son identité (il s’agit
plutôt d’une cité-village).
Or le projet d’urbanisme proposé par la municipalité et justifiant la révision du POS est un projet majeur (il ne s’agit pas uniquement, loin de là, de reconstruire le centre commercial), qui va selon nous complètement remettre en question ces 2 éléments, risquant ainsi de faire basculer la cité de la Plaine dans le triste et regrettable destin de bien des cités de la région Ile de France. C’est pourquoi nous souhaitons attirer votre attention, Mr le Commissaire-enquêteur, sur l’enjeu majeur de ce projet, non pas seulement sur le plan urbanistique, mais sur le plan social. Pourtant, reconstruire rapidement ce centre commercial est indispensable, mais certaines solutions ne remettraient pas en cause les équilibres fragiles et fantastiquement importants de cette cité, comme nous allons nous attacher à vous le montrer.
Le centre commercial est situé au cœur de la cité de la Plaine. Il s’agit d’un centre de petite taille, mêlant petits commerces, une moyenne surface, des équipements publics ainsi que quelques logements. Ce centre est refermé sur lui-même et couvert. Les personnes fréquentant le centre sont pour la plupart issues de la cité et viennent pour beaucoup à pied (en particulier les personnes âgées). D’autres moins nombreux viennent aussi en voiture du reste de Clamart ou des villes avoisinantes (voir enquête menée par le cabinet G3A). Ce centre permet donc à une grande partie des habitants du quartier de faire leurs courses sur place, concourant ainsi à la vie de la cité, qui n’a rien à voir avec une cité-dortoir.
Mais il ne s’agit pas uniquement d’un lieu commercial : les habitants et les associations intervenant sur le plateau de la cité s’accordent à le dire, il s’agit d’un lieu d’échange et de convivialité. Ce centre pendant des années (et encore maintenant malgré son aspect déplorable et dégradé) a participé de par sa localisation et sa conception à la rencontre et l’échange entre les habitants, que ce soit les jeunes ou les personnes âgées. Il n’a donc rien de comparable avec une grande surface type Champion ou un centre commercial type Vélizy II, où règne l’anonymat le plus total. Son coté enclavé en faisait aussi jusqu’à présent un lieu à échelle humaine, concourant à l’identité de la cité.
Pour ces différentes raisons, nous plaidons pour une option qui permettrait au centre commercial de la cité de la Plaine de ne pas disparaître. et de continuer à remplir ses fonctions sociales en plus de ses fonctions commerciales.
Malheureusement, le quartier
de la Plaine n’a pas été considéré comme une priorité pendant des années par la
municipalité élue et ce durant plusieurs mandats pour préserver un électorat socialement favorisé et situé dans
les quartiers du centre et du bas de la ville.
Il y a de nombreuses années
des modifications du centre commercial visant à sécuriser les accès de
l’Intermarché, ont déjà, à cette époque, concouru à l’isoler augmentant ainsi
l’insécurité, alors qu’il était un lieu de traversée habituelle que l’on
pourrait qualifié d’auto surveillé. Cette modification a montré de manière
claire l’impact d’un changement peu réfléchi sur l’environnement direct.
Par ailleurs, le montage financier de la structure (mélangeant propriétaires privés et office HLM) a rendu difficile toutes les prises de décision concernant les travaux d’entretien du centre. Cette situation a conduit à une dégradation progressive maintenant devenue majeure de l’aspect du centre commercial, faisant fuir une partie des commerçants et des chalands. La situation est actuellement devenue critique en terme de sécurité, car les propriétaires actuels, sachant qu’un projet de restructuration est à l’étude, ne financent plus aucuns travaux d’investissement. L’aspect délabré du centre favorise en plus des actes mineurs de « vandalisme », concourant à l’aggravation de la situation.
Pour ces raisons évidentes, un projet de
réhabilitation concerté et circonspect du centre commercial est devenu
indispensable et urgent.
Le projet actuel pour lequel une révision urgente du POS est demandée n’est absolument pas, contrairement à son intitulé, un projet de reconstruction du centre commercial. Il s’agit d’un projet d’urbanisme considérable, englobant la construction d’un centre commercial comportant une moyenne surface beaucoup plus importante en superficie que l’ « intermarché » actuel, des logements, des bureaux, des équipements publics, des services type hôtels ou restaurants... Sa présentation graphique et son titre (tels que visibles dans le journal municipal de juin 2003 appelant les Clamartois à participer à cette enquête ) visent d’ailleurs à en minimiser les caractéristiques : on appelle « supérette » une quasi « grande surface », on note « place du marché » ce qui sera les 9/1Oèmes du temps un vaste parking, on n’y mentionne ni les bureaux ni les hôtels, ni les logements...
1) Son ampleur, sa
composition, et sa conception (ouverture sur la RD906 avec enseignes sur cette
voie de circulation majeure) visent à attirer des populations venant de
l’extérieur de la cité pour des raisons variées : travail dans les
bureaux, logement transitoire dans les hôtels, et surtout courses dans les
commerces et la moyenne surface. C’est d’ailleurs le but affiché et clair de ce
projet : augmenter la fréquentation des commerces (objectif logique de la
part des commerçants !), et pour la municipalité faire rentrer des fonds
sous forme de taxe professionnelle (ce qui, en outre, n’est pas sûr puisqu’il
est fort probable que le nouveaux centre commerciale mette en péril l’activité
du champion situé tout prés, et qu’il n’est pas sûr qu’il soit en mesure de
concurrencer le centre Vélizy II).
La cité de la Plaine ne
souffre pas de « ghettoïsation ». L’équilibre actuel entre les
équipements publics et les habitations, l’organisation de la circulation des
voitures et des piétons, le réseau des transports publics (même s’il est encore
insuffisant), garantissent son ambiance de cité-village, sans la refermer
complètement sur elle-même. Cet équilibre est à l’origine de l’ambiance qui
règne dans cette cité. Nous redoutons donc que l’objectif d’attirer en grande
masse pour des raisons uniquement lucratives des populations ne vivant pas dans
la cité, ne se solde par une déshumanisation liée à l’anonymat et à la perte d’identité, et par l’émergence d’un
désinvestissement de la population, en particulier des jeunes, pour la
préservation de leur cadre de vie, avec tous les risques que cela peut
comporter.
Inversement les habitants de
la cité se plaignent d’un manque de liaison avec le centre de Clamart, et
d’être parfois oubliés de la municipalité en terme d’animations culturelles,
sportives, festives ou autre. Or ce projet d’urbanisme ne répond à aucune de
ces préoccupations. Il ne s’agit donc nullement de revendiquer que ce quartier
reste refermé sur lui-même. Mais outre le fait qu’il ne l’est pas, son souhait
d’ouverture et d’échange ne trouve dans ce projet qu’une réponse en terme
commercial: le quartier sera investi par des anonymes qui viendront uniquement
y faire leurs courses... Ce n’est pas ce type « d’échanges » que
réclament les nombreuses associations investies dans la cité !
2) Son objectif commercial de
grande ampleur ouvert sur la RD906 vise à attirer le maximum de clients pour la
moyenne surface. Or les conséquences liées à cet afflux massif de véhicules
n’ont pas été suffisamment envisagées : comment va se faire l’entrée dans
le centre ? Par la RD906 et par la rue de Bretagne. La municipalité
prévoit d’empêcher la possibilité d’un passage direct de la RD906 vers la rue
de Bretagne par le parking du centre commercial. Mais qu’est ce qui garantit
que sous la pression des commerçants (légitime de leur point de vue !), ce
barrage ne soit pas un jour ou l’autre levé ? Et en attendant rien
n’empêchera les véhicules de contourner l’obstacle en rentrant dans la cité par
les rues collatérales. Ainsi les rues de Bretagne et d’Ile de France aux abords
desquelles se trouvent des écoles risquent de voir augmenter de manière
importante leur flot de circulation et de stationnement. Outre la dégradation
de la qualité de vie, et les risques d’insécurité routière, cela concourra en
plus au sentiment de perte d’identité. Quand au stationnement le long de la
RD906,et aux problèmes de circulation engendrés sur cette voie par les entrées
et sorties du centre, elles sont à peine imaginables pour l’instant dans la
mesure où le devenir des abords de cette voie n’a pas encore été tranché par le
département !
L’objectif de réhabiliter le
centre commercial de la Plaine faisait partie du programme électoral du Maire
actuel. Mais cet objectif, louable comme nous l’avons vu plus haut, est
accompagné depuis le départ d’un 2nd objectif : celui, moins
avoué, pour la ville de ne pas y dépenser d’argent. L’opération d’urbanisme est ainsi conçue uniquement en terme
d’équilibre financier, et pas en terme de réponse à des besoins de la
population qui réclame des lieux de vie.
Le besoin revendiqué par les habitants du quartier est de pouvoir
disposer d’un centre commercial réhabilité assorti d’espaces conviviaux. Ils ne
réclament ni bureaux, ni hôtel, ni grande surface, ni surtout ouverture sur la
RD906.... L’équilibre financier est ainsi théoriquement atteint : la vente
des bureaux, des commerces, des logements et autres hôtels, permet de financer
la démolition du centre actuel, le relogement transitoire des commerçants et la
construction du nouveau centre.
Ce souhait d’équilibre
financier explique pourquoi le bureau d’études G3A mandaté par Mr le Maire a
toujours présenté cette solution comme la solution « idéale ». La
réhabilitation plus simple en lieu et place du centre actuel nous a toujours
été présentée comme coûteuse, ou n’intéressant pas les investisseurs. Or les élus
d’alternative clamartiennne n’ont jamais eu, en tant que membres du groupe de
travail sur le centre commercial et conseillers municipaux, de documents nous
prouvant que des investisseurs ou d’autres enseignes commerciales
qu’Intermarché, aient été en quoi que ce soit sollicités pour des projets
alternatifs à celui-ci.
Dans la mesure où le bureau
d’études G3A a été sollicité dès le départ par M. le Maire sur le projet
d’urbanisme qui soutend la demande actuelle de révision du POS, la présentation
publique des avantages et inconvénients de 2 autres projets possibles par le
même bureau d’études a relevé d’une grande supercherie ! Un groupe de
travail sur ce thème s’est réuni en tout et pour tout à 3 reprises entre mai et
juin 2002, puis une réunion publique a eu lieu en juin 2002. A chacune de ces
réunions le même bureau d’études G3A nous a présenté ses arguments. Aucune
réelle discussion contradictoire autour de projets alternatifs n’a pu être
possible en l’absence d’éléments objectifs mis à notre disposition (réponses
écrites de différents investisseurs potentiels, de différentes enseignes
commerciales...).
Ce groupe de travail a
ensuite cessé de fonctionner pendant 6 mois au cours desquels aucune
concertation avec la population n’a eu lieu. Puis après un vote en conseil
municipal du 30 janvier 2003, 3 réunions publiques d’information (et non de
concertation) ont précipitamment eu lieu en 2 mois. Les autres dispositions de
concertation votées par le conseil municipal du 30/01/03 (échange
contradictoire dans le journal municipal) n’ont pas été appliquées, et des
réunions des conseils des quartiers Plaine et Jardin Parisien sur cette
question n’ont pas été convoquées.
Sur un projet de cette
ampleur et pouvant avoir les conséquences que l’on connaît, il nous semble que
la Mairie a confondu « information sur un projet municipal
prédéfini », et « concertation ».
Le choix de la Ville de ne
pas dépenser d’argent sur ce projet de réhabilitation du centre commercial nous
paraît très contestable, et empêche toute marge de manoeuvre. La Ville dépense
de l’argent sur bien des projets d’urbanisme ne rapportant rien à la commune
(par exemple la construction d’une médiathèque). La réhabilitation du centre
commercial de la Cité de la Plaine est un projet avec un enjeu social
suffisamment fort à nos yeux pour justifier un minimum d’investissement
financier de la Ville. C’est un réel choix politique dont les conséquences
peuvent être lourdes.
Plusieurs projets avaient
été présentés dans une réunion privée par un cabinet d’architectes. L’un
d’entre eux permettait de transformer le centre commercial actuel sans le
déplacer, en un centre à ciel ouvert, convivial et traversé par des espaces
verts et piétons comme c’était le cas à l’origine. Son budget était inférieur à
celui de la construction d’une médiathèque en centre ville. Des investisseurs
auraient pu être sollicités sur ce genre de projet qui respectait les
caractéristiques et les équilibres de la cité.
La réhabilitation du centre
commercial sur place n’empêcherait pas par ailleurs la reconstruction de
l’école élémentaire Plaine selon une conception nouvelle, permettant de la
protéger des nuisances de la proximité de la RD906, en profitant de l’espace
libéré par le LEP.
La réhabilitation du centre commercial de la Plaine est un enjeu social majeur. Réussie, elle ne ferait que renforcer le caractère exceptionnel de la cité sur le plan social, humain et architectural. Malheureusement le projet d’urbanisme qui sous-tend la révision du POS risque inversement de bouleverser des équilibres essentiels au calme et à la convivialité de ce quartier, et de fortement dégrader la qualité de vie de ses habitants. C’est pourquoi nous nous opposons à cette révision du POS.