La municipalité a un projet de construction
de logements sociaux dans ce quartier (rue des Monts
et rue de Verdun). Bonne idée ! Ce quartier n’est pas encore
très pourvu en logements sociaux et il nous a toujours paru important
d’équilibrer les quartiers en favorisant la mixité
sociale.
Il se trouve qu'un terrain public (rue des Monts) de plus de 3000 m²
permettrait de mettre en œuvre ce projet. Cependant, pour une raison
incompréhensible, le maire s'obstine à vouloir exproprier
deux pavillons qui sont en limite de ce terrain, ainsi
qu'un autre en bordure intérieure, pour former un parfait
quadrilatère. Au regard du projet immobilier vaguement
évoqué, on ne voit pas du tout pourquoi la destruction
de ces trois pavillons serait nécessaire à la réalisation
de l'opération. En effet, la municipalité n'annonce que
la construction de 20 logements ce qui est très peu compte tenu
de la surface déjà disponible* et l'argument du maire, qui
consiste à dire que ces deux pavillons en restant là remettraient
en cause la cohérence du projet, paraît donc pour le moins
discutable (très...).
* Cette zone est classée UB, c'est-à-dire qu'elle a
un Coefficient d'Occupation du Sol élevé. De plus, les constructions
sociales bénéficient d'un bonus de COS de 20 % et,
si la construction répond à des critères écologiques
édictés dans le cahier des charges de la mairie, elle bénéficiera
de 20 % de bonus de COS supplémentaires.
Deuxième argument du maire, l’un des pavillons est frappé
d’alignement. Il se trouve que cet alignement date
de 1942 (peut-être pour faire passer les chars sous l’occupation ?)
et qu'il a été maintenu depuis selon la vague idée
qu’il pourrait y avoir un jour un tramway qui passerait par là !
Un projet risqué quand on sait que les carrières
souterraines ont déjà provoqué d'importants
effondrements dans cette zone (le
dernier en 1961). De plus, si l'on réalisait la totalité
des alignements de Clamart, il faudrait raser la moitié de la ville :
de nombreux alignement existent encore et ne seront très probablement
jamais réalisés (heureusement).
Dernier argument, qui serait presque drôle si la situation n’était
pas aussi tragique, le projet (qui rappelons-le n'a jamais été
réellement présenté) prévoit que les
logements devront se situer en front de rue. Pourquoi ?
Et bien d'après le maire parce que "ça se fait partout
comme ça !" (faut-il y voir une inspiration du style
architectural de Philippe Pemezec au Plessis Robinson ?). Pourtant,
lorsqu'on habite en ville, on constate très souvent que les logements
en retrait par rapport à la rue sont bien plus agréables
à vivre que ceux qui donnent directement sur les voies de circulation,
surtout si d'aventure un tramway finit par passer sous vos fenêtres...
Mais le maire insiste, il veut un projet "propre" !
De là à imaginer qu'il va nettoyer tout ça au Karcher,
il n'y a pas loin et l'expression elle-même en dit long !
L'aménagement urbain est pourtant un domaine dans lequel on constate
régulièrement que les projets les plus ingénieux
et les plus reconnus sont ceux qui ont obligé les architectes à
répondre à des contraintes particulières et à
faire preuve d'invention.
Il est regrettable qu'une mairie (spécialement quand elle se prétend
de gauche) attache aussi peu d'importance au drame
que peut représenter l'expropriation de 2 àxxxxx 3 familles.
Des familles qui vivent depuis près de 40 ans dans un quartier
où elles ont élevé leurs enfants et établi
des relations de voisinage assorties d’une certaine solidarité
sociale. Hélas, lors du dernier conseil municipal (décembre
2008), le projet d'enquête publique sur ce périmètre
a été voté sans états d'âme par les
conseillers municipaux de la majorité, à une ou deux abstentions
près (quelques conseillers encore fidèles à leur
convictions mais qui n'ont tout de même pas osé voter contre
le projet du chef suprême).
À l'autre bout de ce quartier, rue de Verdun, une deuxième
opération du même ordre est également envisagée
(avec moins de drames humains car les plus grands terrains ne sont pas
lotis). Pourtant, d'un point de vue urbanistique, ces
deux opérations de grande ampleur sur une surface aussi réduite
sont discutables. En effet, ce quartier mérite le détour,
et si ce n'est pas à proprement parler un « beau quartier
», il fait preuve d'originalité et possède un certain
cachet. Il s'agit, en effet, d'un ensemble de petits pavillons à
l'origine modeste séparés par des sentes, où les
déplacements ne peuvent se faire qu'à pied. A l'heure où
nous parlons d’éco-quartier à Clamart, vouloir faire
disparaître un tel patrimoine est pour le moins paradoxal. Sur le
plan historique ce type d'urbanisation se fait de plus en plus rare et
il est dommage qu'aujourd'hui on ne prenne pas en compte cet aspect. N'oublions
pas que, même s'il ne s'agit pas d'œuvres architecturales majeures,
ce style est représentatif d'une époque et d'un mode de
vie (bientôt ?) révolus.
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