Le Parisien , 05 février 2003

« Le député-maire du Plessis règle ses comptes au tribunal »

PHILIPPE PEMEZEC n'aime pas qu'on s'attaque à lui. Emmanuel Froissart, le président de l'association citoyenne Alternative clamartienne, s'en est rendu compte puisqu'il était hier sur le banc des accusés du tribunal correctionnel de Nanterre. A ses côtés, une deuxième prévenue et non des moindres, en la personne de Francine Bavay, son adversaire (verte) du deuxième tour des dernières élections législatives dans la 12 e circonscription (Le Plessis, Clamart,

Fontenay-aux-Roses, Châtillon). Motif du courroux du député-maire du Plessis : un tract rédigé par l'association clamartienne diffusé dans l'entre-deux tours intitulé " Le Pen'zec : la volonté de nuire " et que l'élu jugeait injurieux.

Une compilation de citations :Le document incriminé est en fait une compilation de citations de Philippe Pemezec assorties de commentaires. Et si, comme l'a expliqué hier à l'audience son avocate, l'homme fort du Plessis reconnaît avoir prononcé les propos dont il est question, ce sont les commentaires qu'il n'apprécie guère. Notamment ceux où il est qualifié de " raciste et xénophobe " ou de " misogyne et homophobe ". " Ce sont des propos injurieux qui dépassent le seul cadre du débat d'opinion ", a martelé son avocate.

Rapidement, au cours du débat, il est apparu que la présence de Francine Bavay à cette audience était inopportune. Le tract appelait certes à voter pour elle mais l'élue écologiste n'a pris part ni à sa rédaction ni à sa distribution. Finalement, il semble bien que seul Emmanuel Froissart risque quelque chose dans cette affaire. Lequel Emmanuel Froissart s'est défendu en expliquant que ses propos s'inscrivaient " dans le cadre du débat démocratique " et qu'il lui appartenait " d'éclairer l'électeur dans son vote ".

" Débat d'opinion "

Des propos relayés avec talent par son illustre avocat, M e Henri Leclerc, l'ancien président de la Ligue des droits de l'homme. " Quand Philippe Pemezec déclare " personne ne peut plus nier aujourd'hui la présence écrasante des jeunes issus de l'immigration dans la population délinquante... Pour cela, une réforme

de l'accès à la nationalité s'impose ", il s'agit de propos racistes et xénophobes, note-t-il. De même, si traiter une femme de " brouteuse de pelouse " n'est

pas de la misogynie et de l'homophobie, alors qu'est-ce qui l'est ? " " Personnellement, si on m'avait imputé de tels propos, j'aurais immédiatement attaqué en diffamation ", a ironisé l'avocat. Pour lui, aucune équivoque, les propos relèvent du " débat d'opinion ". Jugement le 4 mars.

Timothée Boutry