Le Forum Social Européen

Le Forum Social Européen a rassemblé pendant plusieurs jours plusieurs dizaines de milliers de personnes, et l’on comptait plusieurs centaines de milliers de personnes pour la manifestation monstre du 10 novembre 2002 contre la guerre en Irak : les estimations oscillaient entre 500 000 et 1 000 000 ! Difficile de décrire l’énormité de l’événement : salles de débats bondées, traductions dans toutes les langues par le biais de casques distribués gratuitement, européens de tous pays déambulant dans la ville, gymnases réquisitionnés pour faire dormir des milliers de gens...

Mais ce qui est le plus important c’est de comprendre que cette énorme agora publique n’est pas née comme ça. Elle est le fruit d’une grande insatisfaction. Celle de centaines de milliers de gens qui se sont dit : « stop ! »

On ne peut pas continuer à accepter le monde tel qu’il est.

On ne peut pas continuer comme ça, avec nos millions de chômeurs, de précaires et de temps partiels subis, nos dizaines de milliers de sans-abri, et le milliard de personnes qui souffrent de malnutrition tandis que de gros actionnaires et de grands patrons continuent à brasser chaque jour des millions.

Et partout dans le monde, au Brésil, en Argentine, en Inde, en Afrique, à Florence des gens se rassemblent et discutent : ce n’est plus possible. Pourquoi les Argentins crèvent-ils sous la dette ? Comment se fait-il que des prisonniers politiques chinois fabriquent nos jouets de Noël ? Pourquoi, tandis qu’il y a, à Paris, 10 000 000 de mètres carrés inoccupés des gens n’ont-ils aucun chez soi ? Pourquoi la haine s’instille-t-elle dans nos pays ?

Pour réfléchir à tout ça, pour essayer de comprendre ce bordel, pour chercher des solutions afin de vivre autrement dans un monde plus juste, des centaines de milliers de gens se réunissent en espérant à terme pouvoir changer le monde.

Utopique ? Nous avons déjà trop baissé la tête, beaucoup d’entre nous ont bien trop souffert pour ne pas y croire, bien que nous sachions tous que le monde ne sera jamais rose. Et ce forum, ce fut d’abord ça :

La volonté, l’espoir, la conviction partagée qu’un autre monde est possible.

Liu Van le rêveur